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Dans ma pratique, je donne des recommandations à mes patients pour complémenter mes traitements et ainsi augmenter l’efficacité des soins. L’une des questions que je reçois le plus souvent est sans contredit : « Est-ce que je devrais mettre de la glace ou de la chaleur? » La meilleure façon de bien répondre à cette question est de vous expliquer le fonctionnement de ces deux thérapies.

D’abord, il faut comprendre que la cryothérapie (application de froid) et la thermothérapie (application de chaleur) sont des thérapies non invasives qui visent d’abord le soulagement de la douleur. En effet, la littérature scientifique actuelle ne prouve pas hors de tout doute que ces modalités de traitement accélèrent ou facilitent la guérison d’un tissu. Toutefois, elles sont prouvées efficaces pour réduire la douleur et augmenter le confort. Ces deux agents thermiques ont des effets semblables, mais aussi des différences qu’il faut connaître pour mieux les utiliser.

L’application de glace (cryothérapie superficielle)

La cryothérapie est une application thérapeutique de froid qui a pour effet de dissiper la chaleur, ce qui entraîne une réduction de la température des tissus.

Les effets physiologiques

  • Constriction des parois des vaisseaux sanguins, ce qui diminue la circulation sanguine localement et réduit l’activité cellulaire, donc :

– atténue le processus inflammatoire et l’œdème;

– réduit les spasmes musculaires;

– réduit le saignement, s’il y a lieu.

  • Atténuation de la douleur par une action sur le système nerveux. En somme, le froid stimule certaines fibres qui, elles, masquent le message de douleur. En même temps, le froid diminue la vitesse des signaux de douleur, ce qui induit une analgésie temporaire.

La rougeur que l’on peut observer après l’application de glace proviendrait principalement d’une moins grande dissociation de l’oxygène liée à l’hémoglobine; ce qui contribue à diminuer la perfusion de sang.

Quand appliquer de la glace

La cryothérapie est tout indiquée dans les cas de blessures et de traumatismes aigus. Elle est surtout recommandée lors des 72 premières heures après l’apparition des symptômes. Elle peut aussi être utilisée dans les cas de douleurs chroniques, de spasmes musculaires, d’inflammation et de courbatures après le sport.

Comment l’appliquer

Avant d’appliquer de la glace sur la région touchée, il est recommandé de faire un test maison afin de vérifier si vous avez une réaction indésirable d’urticaire au froid. Frottez la peau avec un glaçon pendant trois minutes. Si la peau devient rouge, il s’agit d’une réaction normale. Toutefois, si la rougeur s’accompagne d’une boursouflure, il est conseillé de ne pas utiliser de glace.

De nombreux facteurs sont déterminants dans l’efficacité de cette thérapie. D’abord, le temps d’application dépend de la profondeur des tissus à refroidir et de la différence de température visée. La peau refroidit presque instantanément au contact du froid, mais il faudra attendre quelques minutes pour noter des changements au niveau musculaire. Le retour à la température initiale peut prendre jusqu’à 60 minutes. On recommande donc d’appliquer de la glace de 5 à 20 minutes maximum chaque heure.

Les moyens d’application du froid sont nombreux et variés :

  • En situation aiguë, il faut favoriser les applications locales et accompagner l’agent refroidissant d’une compression afin d’obtenir une baisse de température plus grande et surtout plus profonde. Les agents qui changent d’état (de solide à liquide, dans ce cas-ci) auront une meilleure capacité à accepter la chaleur.
  • L’application directe de glace non réfrigérée (ex. : cubes de glace dans un sac de plastique) est indiquée, car elle ne risque pas d’endommager les tissus. La glace fond à une température de 0 °C, elle ne peut donc pas « geler » la peau. Par contre, un agent entreposé dans un contenant réfrigérant (ex. : sac de gel) pourra induire des lésions cutanées et sous-cutanées, car sa température se maintient sous 0 °C. Il faudra donc recourir à un bandage qui fait écran entre la peau et l’agent congelé. Dans tous les cas, l’humidité favorise les échanges de température; les serviettes et bandages mouillés seront donc plus efficaces.
  • L’immersion en bain d’eau froide ou refroidie avec blocs de glace permet une bonne absorption de chaleur, surtout si l’eau est en mouvement; ce mouvement évite l’accumulation d’eau déjà « réchauffée » près du corps.
  • Les massages de glace (avec verre de styromousse ou glaçon soutenu par un bâtonnet) s’avèrent être une stratégie efficace tout en étant précise. Les durées d’application peuvent être plus courtes, car l’application est focalisée. Si vous utilisez ce moyen, équipez-vous de serviettes!

Contre-indications

  • Hypersensibilité au froid (urticaire induite par le froid)
  • Intolérance au froid
  • Cryoglobulinémie (agrégation de protéines sériques lorsque les extrémités sont froides)
  • Phénomène ou maladie de Raynaud
  • Application au-dessus d’un nerf en cours de régénération
  • Application au-dessus d’une région ayant des compromis ou des insuffisances vasculaires

Précautions

  • Plaie ouverte
  • Hypertension (le froid peut créer des variations transitoires de la pression artérielle)
  • Perception altérée (centrale ou périphérique; par exemple, si vous êtes diabétique)
  • Personnes très jeunes ou très âgées

L’application de chaleur (thermothérapie superficielle) 

La thermothérapie est une application thérapeutique qui ajoute de la chaleur, ce qui entraîne une augmentation de la température des tissus.

Les effets physiologiques

  • Vasodilatation rapide et efficace des vaisseaux sanguins cutanés et sous-cutanés, mais qui se rend difficilement aux muscles et aux structures profondes. La circulation sanguine locale sera donc augmentée pour dissiper la chaleur et l’activité métabolique sera accrue, ce qui amènera :
  • une accentuation du processus inflammatoire;
  • une augmentation temporaire de l’amplitude de mouvement;
  • une relaxation musculaire et une meilleure élasticité des tissus.
  • Atténuation de la douleur par une action sur le système nerveux. Principalement, l’activité des thermorécepteurs spinaux réduit la perception de la douleur.

La rougeur que l’on peut observer après l’application de chaleur proviendrait également de la dissociation de l’oxyhémoglobine.

Quand appliquer la chaleur

La thermothérapie est indiquée dans les phases de remodelage et de prolifération, une fois les signes de la phase inflammatoire complètement éliminés. Elle est souvent aussi utilisée dans les cas de douleurs musculaires ou de courbatures après le sport.

Comment l’appliquer

Pour appliquer de la chaleur (jamais directement sur la peau), vous pouvez utiliser un coussin chauffant, un sac de grains (de type Sac magiqueMC), une bouillotte ou une bouteille d’eau chaude. Appliquez la chaleur pendant 20 à 30 minutes. Vous pouvez répéter l’opération toutes les heures.

Gardez en tête que comme le débit sanguin musculaire est modulé par des facteurs métaboliques, il est peu influencé par les changements décrits plus haut. La peau et les muscles ne partagent pas exactement le même réseau artério-veineux. Au niveau musculaire, la chaleur libérée par le travail des contractions augmentera rapidement la température des muscles. Si l’objectif est d’augmenter la température des muscles, les modalités de chaleur profonde (ultrason, diathermie) ou les exercices seront les meilleures options.

Contre-indications

  • Hémorragie récente ou potentielle
  • Thrombophlébite
  • Perception altérée (centrale ou périphérique; par exemple, si vous êtes diabétique)
  • Tumeur maligne

Précautions

  • Blessure aiguë ou inflammation
  • Grossesse
  • Mauvaise régulation thermique
  • Œdème
  • Insuffisance cardiaque
  • Implant métallique près de l’endroit visé
  • Plaie ouverte
  • Zones de démyélinisation nerveuse (ex. : sclérose en plaques)

Rappelez-vous que l’objectif principal est d’améliorer votre confort. Ainsi, n’hésitez pas à changer d’agent si votre douleur persiste ou consultez votre chiropraticienne pour recevoir des traitements et des recommandations adaptés à votre situation.

Dre Emmanuelle, votre chiropraticienne à Mirabel

Références

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Breslin et coll. Acute effects of cold therapy on knee skin surface temperature gel pack versus ice bag. British Medical Journal Open Sport exercice Medecine, 2015.

Cina-Tschumi B. Evidence-based impact of cryotherapy on postoperative pain, swelling, drainage and tolerance after orthopedic surgery. Plefge, 2007. 

Cochrane Data Base Sys Review. Superficial heat or cold for Low Back Pain. 2006. 

Kanlayanaphotporn et coll. Comparison of skin surface temperature during the application of various cryotherapy modalities. Archive of Physical Medecine, 2007. 

Kenneth et coll. Cooling efficiency of 4 common cryotherapeutic agents. Journal of Athletic Training, 2007. 

Malanga et coll. Mechanism and efficacy of heat and cold therapies for musculoskeletal injury. Post Grad Med. 2015

Nadler et coll. The physiologic basis and clinical application of cryotherapy and thermotherapy for the pain practitioner. Pain Physician, 2004.

Otte, J., Merrick, M., Ingersoll, C., et Cordova, M. Subcutaneous adipose tissue thickness alters cooling time during cryotherapy. Arch. Phys. Med. Rehabil., 83:1501–1505, 2002.

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