Quotidiennement, je rencontre dans mon bureau des patients qui ont des douleurs au cou et aux épaules, au dos, d’autres qui ont des maux de tête, des engourdissements dans les mains, et j’en passe. Dans bien des cas, ces douleurs apparaissent progressivement et parfois sans que les patients comprennent pourquoi. Bien que dans la majorité des cas l’origine de ces douleurs soit multifactorielle, l’une des causes qui reviennent chez plusieurs patients est l’adoption de postures inadéquates dans différentes situations ou à différents moments de la journée.
Conséquences d’une mauvaise posture
En effet, que ce soit au bureau ou à la maison, assis pour regarder la télévision, pour lire dans le lit avant de se coucher ou simplement en regardant son téléphone, parfois nos postures ne sont pas parfaitement ergonomiques. Le maintien de telles postures provoque la contraction plus ou moins prolongée des groupes musculaires impliqués et augmente le stress sur les articulations, les ligaments et les muscles. Et plus la posture utilisée n’est pas adéquate et s’éloigne de la position « neutre », plus ces stress sont décuplés. À long terme, les stress accrus sur les articulations amènent une destruction du cartilage, qui elle entraîne une production d’ostéophytes dans le but de stabiliser les articulations. Il en résulte donc une usure prématurée des articulations, également appelée arthrose. Le maintien chronique d’une mauvaise posture peut même avoir d’autres conséquences sur différents systèmes :
- une diminution de la capacité pulmonaire (par compression mécanique à cause d’une posture trop voûtée);
- une perte d’énergie inutile pour la contraction statique de certains muscles (pouvant apporter de la fatigue physique et mentale);
- une diminution de l’apport en sang, donc en oxygène, au cerveau (pouvant mener à une diminution de la vigilance mentale et de la productivité au travail);
- une diminution du fonctionnement du système digestif (par l’entremise d’un mauvais fonctionnement du système nerveux).
La posture idéale
Maintenant que nous avons cerné quelques effets possibles du maintien chronique d’une mauvaise posture, établissons ce qui serait une bonne posture.
- Une posture équilibrée se définit par une position symétrique du corps permettant de résister aux forces de gravité en utilisant le minimum d’énergie.
La posture « neutre » est celle qui sollicite le moins les structures musculosquelettiques, soit les articulations, les muscles, les tendons, etc. En effet, la posture idéale doit être maintenue de face, mais également de profil. Il est possible d’utiliser des points de repère pour corriger notre posture en imaginant un fil de plomb qui partirait du plafond vers le sol. Les caractéristiques de la posture idéale sont les suivantes :
- Pour la posture de face (plan frontal), il s’agit d’un alignement parfait des différents segments articulaires, lesquels doivent former des lignes parallèles qui seront perpendiculaires au fil de plomb. Ces lignes parallèles passent par les chevilles, les genoux, les hanches, la ceinture pelvienne, les articulations vertébrales et costo-vertébrales, la ceinture scapulaire (les omoplates et les épaules) et la tête (les deux yeux).
- Pour la posture de profil (plan sagittal), il s’agit du maintien des courbures rachidiennes normales, soit la lordose cervicale (un petit «c» au niveau du cou), la cyphose thoracique (un petit «c» renversé au niveau du haut du dos) et une lordose lombaire (un petit «c» au niveau du bas du dos). La ligne du fil de plomb devrait passer par le tragus de l’oreille, l’humérus, le grand trochanter (la hanche), la patella (rotule) et la malléole externe de la cheville.
Pour maintenir une posture idéale en station debout, les pieds sont légèrement écartés, la tête et le dos sont droits et respectent les courbes naturelles de la colonne vertébrale, les bras longent le corps, les paumes des mains sont dirigées vers l’intérieur et les mains se situent dans le prolongement direct des avant-bras. Les abdominaux et les muscles du dos sont légèrement engagés et la tête est bien positionnée au-dessus des épaules.
Bien qu’il soit impossible de maintenir une telle position en tout temps, ce qu’il faut retenir, c’est que plus la position des membres, de la tête et du tronc s’éloigne de la position neutre, plus cela est exigeant pour les structures musculosquelettiques. Par exemple, des recherches démontrent que pour chaque pouce de la tête outrepassant la ligne du fil de plomb vers l’avant, les muscles du cou percevront de façon exponentielle le poids réel de la tête. Comme les muscles du cou ne peuvent supporter longtemps un tel poids, vous pourriez ressentir des spasmes et des tensions musculaires, qui sont une cause fréquente de maux de tête.
En résumé
Vous aurez compris que les différentes postures que vous adoptez dans la journée influencent les différents systèmes de votre corps et plus particulièrement votre système neuromusculosquelettique. Voici donc quelques pistes de solution pour prévenir les douleurs :
- prenez soin de varier les postures et de corriger celles qui sont inadéquates;
- adaptez votre poste de travail afin d’améliorer votre ergonomie et de vous rapprocher le plus possible de la position «neutre»;
- variez les tâches le plus possible dans une journée de travail afin de varier les positions;
- insérez des micropauses de 5 à 10 minutes chaque heure pour bouger et vous vous étirer;
- renforcez vos muscles, car sans tonus ils ne fournissent pas à votre corps un soutien adéquat. Suivez un programme de renforcement musculaire au moins deux à trois jours par semaine. Un kinésiologue saura vous préparer un programme d’entraînement adapté à votre état et à vos besoins;
- effectuez des traitements préventifs réguliers en chiropratique et en massothérapie afin de retrouver une bonne mobilité articulaire ainsi que d’équilibrer et d’assouplir la musculature.
Une posture adéquate est la base d’une bonne santé. Une bonne santé dépend du fonctionnement optimal du système nerveux, pour lequel le mouvement est essentiel. Votre rôle est de penser à votre posture et d’y travailler, ainsi que de bouger régulièrement. Le rôle de votre chiropraticien est de corriger les restrictions articulaires et d’améliorer votre alignement.