L’arthrose est une pathologie complexe caractérisée par une perte de cartilage, un remodelage des parties non portantes et de l’inflammation. Il s’agit d’une condition actuellement irréversible, cependant, il est possible d’en moduler les symptômes.
- Symptômes de l’arthrose
- Stades de l’arthrose
- Activité physique et arthrose
- Progression de l’activité physique
- Les soins pour soulager l’arthrose
Symptômes de l’arthrose
Voici quelques signes et symptômes de l’arthrose :
- Douleur d’apparition habituellement graduelle et modulée par l’activité;
- Gonflement de l’articulation selon le niveau d’activité;
- Sensation de raideur matinale d’une durée de moins de 30 minutes;
- Limitation de l’amplitude de mouvement;
- Impact sur les fonctions, par exemple, difficulté à enfiler des bas, à monter des escaliers, etc.;
- Absence de symptômes systémiques (fièvre, perte de poids inexpliquée, anomalies au test sanguin).
Stades de l’arthrose
Les stades de l’arthrose sont classés selon les manifestations de la douleur en fréquence et intensité, et selon leur impact sur les activités et la fonction.
Stade précoce
- Douleur prévisible occasionnelle par déclencheur (activité, répétition, sport);
- Limitation d’activité excessive ou à grand impact;
- Peu d’impact sur les activités quotidiennes.
Stade modéré
- Douleur prévisible lors de certains mouvements ou dans certaines positions (par exemple à l’accroupissement pour l’arthrose du genou) de plus en plus constante ou fréquente;
- Limitation dans les activités quotidiennes, comme marcher et utiliser les escaliers.
Au stade avancé
- Douleur sourde constante avec épisodes de douleur intense en cycles;
- Évitement d’activités, y compris les activités sociales et récréatives;
- Impact sur la qualité de vie.
Il est à noter que ces stades cliniques ne sont pas bien corrélés avec les stades radiologiques. En effet, il arrive que des patients qui présentent une arthrose sévère à la radiographie aient très peu de symptômes cliniques. L’inverse est aussi observé.
Activité physique et arthrose
Les évidences en lien avec les exercices et l’arthrose s’accumulent et supportent l’activité physique pour les cas d’arthrose depuis 1998, donc depuis plus de 25 ans. En effet, les évidences sont irréfutables et l’activité physique est recommandée pour les trois stades. Cependant, beaucoup d’éducation est à faire chez les patients arthrosiques, puisque la douleur est modulée par l’activité. Il est donc très important de bien la doser. Ces patients devraient donc recevoir un programme d’exercices appropriés, bien dosés et progressifs selon leurs niveaux de fonction. Afin de bien respecter ces critères, l’un des concepts les plus importants à démystifier chez les patients arthrosiques est le stress mécanique.
Stress mécanique
Quelques principes de quantification du stress mécanique
- Lors de différentes activités (travail, activités quotidiennes, exercices, sport, etc.), un stress est imposé aux tissus (os, muscles, tendons, cartilages, etc.);
- Le corps humain s’adapte en fonction du stress qui lui est imposé;
- Les tissus ont une capacité maximale d’adaptation au stress, et au-delà de cette limite (qui est modulable et peut augmenter grâce à une bonne progression d’entraînement), les risques de blessures augmentent;
- Un stress minimum doit être imposé aux tissus pour permettre une adaptation, ou, en d’autres termes, un progrès.
La cible est donc de tenir son entraînement entre le stress minimum et la capacité maximale d’adaptation afin de progresser dans son entraînement en toute sécurité. Il faut trouver les activités qui correspondent au bon stress mécanique dans le but d’augmenter la capacité du corps à supporter un stress et ainsi entrer dans une zone d’adaptation. En effet, avec le temps et les séances régulières, les tissus s’adapteront et deviendront plus forts et plus tolérants à supporter le stress. Il est donc important d’y aller graduellement et de porter attention aux signaux du corps pendant et après une activité stressante. Cela implique de planifier des périodes de repos adéquates, d’écouter son corps et d’éviter de le surcharger trop rapidement.
Paramètres d’activité physique qui influencent le stress mécanique (acronyme FITT)
- Fréquence (F): nombre de séances de sport effectuées par semaine. Ainsi, un plus grand nombre de séances impose un stress mécanique plus important aux tissus. Par exemple, faire du sport 5 fois par semaine impose plus de stress que 3 fois par semaine. Il est préférable de faire plusieurs entraînements plus courts plutôt que de faire un seul entraînement plus long dans la semaine.
- Intensité (I) :quantité d’effort requise pour l’activité physique. Plus une activité est intense, plus le stress mécanique sur les tissus est élevé. L’intensité peut être mesurée de plusieurs façons, comme la vitesse (en course ou en vélo) ou la charge soulevée (en musculation).
- Temps (T) : durée des séances d’entraînement. Plus une séance est longue, plus le stress mécanique est important. Par exemple, une séance de 60 minutes sera plus stressante pour les tissus qu’une séance de 20 minutes.
- Type(T): type de sport pratiqué. Le type influe sur le stress mécanique, car chaque sport a des exigences spécifiques. Par exemple, la natation impose beaucoup de stress mécanique aux épaules et peu aux tendons d’Achille, tandis que c’est l’inverse pour la course. Il est donc possible de combiner ces deux types d’entraînement sans que le stress mécanique s’accumule excessivement, réduisant ainsi le risque de blessure dû à une surcharge des tissus.
Progression de l’activité physique
Comme expliqué plus tôt, la capacité maximale d’adaptation au stress est définie en fonction du niveau d’activité habituel ou quotidien. De fait, un athlète ou une personne qui s’entraîne régulièrement aura une meilleure capacité d’adaptation qu’une personne sédentaire. En effet, notre corps a comme objectif premier de conserver le plus possible son énergie. Ainsi, si on lui demande d’être en mesure de courir tous les jours, il augmentera progressivement sa capacité pour être en mesure de le faire. Toutefois, à l’instant où on ne le stimule plus, il diminue sa capacité en fonction du niveau d’activité qui lui est demandé. C’est la raison pour laquelle même un athlète de haut niveau qui cesse de s’entraîner pendant 1 ou 2 semaines doit reprendre ses activités à un niveau inférieur et réaugmenter progressivement sa capacité maximale.
Alors, pour augmenter sa capacité maximale, il faut retenir deux mots : dosage et progression. Il est donc préférable de fractionner vos activités et d’en faire un peu plus chaque jour plutôt que beaucoup dans une même journée. Certains signes et symptômes sont à surveiller chez les patients arthrosiques afin de prendre des décisions éclairées pour faire progresser l’entraînement.
Signes et symptômes à surveiller dans les 24 heures suivant une activité
- Douleur pendant l’activité qui est à plus que 3-4/10;
- Douleur qui persiste à la suite de l’activité;
- Augmentation de la raideur;
- Gonflement.
Ces signes indiquent qu’il serait prudent de prendre une pause ou de réduire l’intensité de l’entraînement. Cependant, si l’un de ces symptômes se manifeste, il est important de ne pas paniquer. Modifiez simplement votre planification, soit en réduisant l’intensité de l’activité, en prenant une pause, ou même un repos de 2 ou 3 jours si nécessaire. Il faut garder en tête que le repos ne règlera pas le problème, puisqu’il n’y aura plus d’adaptation possible. La meilleure stratégie sera donc, par la suite, de revenir à l’étape précédente, la valider à nouveau pour augmenter et retenter l’étape suivante. La clef est donc d’écouter son corps. Si vous n’avez aucun de ces signes et symptômes dans les 24 heures suivant l’entraînement, alors vous pourrez augmenter progressivement la durée et/ou l’intensité de votre activité.
Programme d’exercices multimodal
Selon les plus récentes études, les patients arthrosiques bénéficieraient d’un programme multimodal (incluant des activités aérobiques, de renforcement musculaire, de mobilité et de flexibilité) qui prend en considération leurs préférences. Un kinésiologue sera la personne toute désignée afin de vous bâtir un tel programme. Il sera en mesure de vous évaluer pour déterminer votre point de départ, vos capacités et vos objectifs, et de concevoir pour vous un programme d’exercices individualisé, de sélectionner judicieusement les activités ainsi que d’effectuer une planification qui permettra d’augmenter les activités et le volume d’entraînement graduellement.
Il faut garder en tête que les effets néfastes de l’activité physique rapportés par les patients arthrosiques sont majoritairement bénins, comme une exacerbation temporaire de la douleur. En effet, les effets dévastateurs de la sédentarité ont un impact nettement plus négatif sur la santé que la pratique d’une activité physique bien dosée.
Les soins pour soulager l’arthrose
L’éducation et les exercices sont donc essentiels dans les interventions pour soulager les symptômes de l’arthrose. Les chiropraticiens sont des alliés dans la prise en charge des patients atteints d’arthrose, puisque l’éducation fait partie intégrante de nos pratiques. Nous travaillons donc majoritairement de concert avec les kinésiologues, qui, avec nos recommandations en fonction du stade où se trouve le patient, peuvent établir un programme d’exercices multimodal.
De plus, chez plusieurs patients arthrosiques, les traitements chiropratiques (adaptés à leur condition) permettent d’augmenter la souplesse, l’amplitude de mouvement et la mobilité, ainsi que de diminuer la douleur. De plus, certaines recommandations personnalisées, comme l’application de glace ou de chaleur, l’utilisation d’orthèses ou d’atèles, ainsi que des recommandations nutritionnelles sont souvent de mise chez cette catégorie de patients.
Dans certains cas, lorsque l’arthrose s’aggrave et que les exercices et traitements conservateurs ne suffisent pas, une rencontre avec un chirurgien orthopédiste peut être envisagée. Une articulation peut être remplacée à tout âge, mais cette intervention est principalement pratiquée sur des patients qui ont une arthrose avancée, ceci afin de maximiser la durée de vie de l’articulation artificielle. La décision d’y recourir dépend surtout du degré de douleur et d’incapacité occasionné par l’arthrose ainsi que des risques et bienfaits potentiels de l’intervention.
Dre Emmanuelle, votre chiropraticienne à Mirabel
Références
Présentation Sport et prothèse : ce qu’il faut savoir!, présentée au congrès annuel du CCSSQ 2025 par Dr Georges Yves Laflamme, chirurgien orthopédiste MD, FRCSC et Manon Pilon, physiothérapeute Pht MSc, Fellow OPPQ.
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