Cette question m’est très souvent posée par les patients : « Quel professionnel de la santé devrais-je consulter pour ma douleur X (par exemple : au dos, à l’épaule ou à la cheville)? Est-ce un chiropraticien, un physiothérapeute ou un ostéopathe ? ». Comme il m’est impossible de répondre à cette question de façon succincte, je vais d’abord faire un tour d’horizon de chacune des professions afin d’établir les bases, et par la suite nous reviendrons à notre question initiale. Les informations présentées dans la prochaine section de mon article proviennent majoritairement des sites web de l’Ordre des chiropraticiens du Québec (OCQ), de l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec (OPPQ) et d’Ostéopathie Québec.
Chiropratique
La profession
La chiropratique est une profession de la santé qui s’intéresse au diagnostic, au traitement et à la prévention des troubles neuromusculosquelettiques en ciblant les nerfs, les articulations, les muscles et les autres tissus de soutien (tendons, ligaments, etc.), ainsi qu’aux effets de ces troubles sur l’état de santé général de la personne. Donc, bien que le chiropraticien soit souvent associé au traitement des maux de dos et de la colonne vertébrale, son expertise va bien au-delà de ces types de douleurs. L’approche des soins chiropratiques est à la fois préventive et curative. Elle a pour objectif non seulement de soulager, mais aussi d’éviter la récidive de symptômes. Certains patients décident également de consulter pour optimiser leur santé et leur bien-être, et ce, même s’ils n’éprouvent pas de symptômes ni de douleurs. Les soins chiropratiques peuvent être adaptés à tous les types de clientèle, dès la naissance et à tout âge.
Formation
Pour exercer la chiropratique au Québec, toutes les chiropraticiennes et tous les chiropraticiens doivent avoir réussi leurs études de doctorat de premier cycle (5 ans) dans un établissement d’enseignement accrédité par la Fédération chiropratique canadienne (FCC), comme celui du programme de doctorat en chiropratique de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Après l’obtention du diplôme du doctorat de premier cycle en chiropratique, il est aussi nécessaire de passer les examens nationaux du Conseil canadien des examens chiropratiques, ainsi que l’examen de l’Ordre des chiropraticiens du Québec portant sur la législation et la déontologie.
Encadrement
Au Québec, seuls les membres de l’Ordre des chiropraticiens du Québec sont habilités à exercer la chiropratique et à utiliser le titre de chiropraticien ou de Docteur en chiropratique. En effet, le chiropraticien est titulaire d’un doctorat de premier cycle et sa pratique est encadrée au Québec depuis 1973 par la Loi sur la chiropratique. Tous les membres de l’Ordre se doivent aussi de respecter les règlements auxquels ils sont assujettis, dont le Code de déontologie des chiropraticiens. Les chiropraticiens doivent aussi se conformer aux normes d’exercice les plus rigoureuses et actualiser leurs compétences en respectant les exigences de l’Ordre en matière de formation continue obligatoire, notamment en radiologie.
Approche thérapeutique
Comme professionnels agissant en accès direct, les chiropraticiens sont aptes à évaluer un patient, à développer leur raisonnement clinique et leurs compétences de diagnostic différentiel afin de poser un diagnostic dans leur champ de compétence, à fournir les soins et les recommandations nécessaires au maintien ou à la restauration de la santé neuromusculosquelettique. Leurs compétences cliniques incluent diverses techniques thérapeutiques articulaires et musculaires ainsi qu’en réadaptation, de même que des compétences en matière de prescription, de prise et d’interprétation d’imagerie diagnostique. Dans son approche thérapeutique, le chiropraticien a principalement recours aux méthodes suivantes :
- Des ajustements chiropratiques, soit une forme spécialisée de manipulations articulaires;
- Diverses approches complémentaires qui comprennent, sans s’y limiter, les thérapies musculaires;
- Des appareils de thérapie physique (électrothérapie, ultrasons, laser, ondes de choc, etc.).
Il peut aussi vous recommander des exercices particulièrement adaptés à votre problème de santé et vous prodiguer des conseils touchant l’ergonomie, la posture, ou les habitudes de vie.
Physiothérapie
La profession
La physiothérapie est une science de la santé dont le rôle est de vous permettre de retrouver le maximum de vos capacités physiques afin que vous puissiez réaliser vos activités quotidiennes, accomplir un travail, pratiquer un loisir ou un sport, et ce, en fonction de votre condition et de votre potentiel de récupération. Elle favorise ainsi votre autonomie tout en vous permettant de rester actif dans votre vie personnelle et sociale. La physiothérapie est une discipline qui s’adresse aux personnes de tout âge, de l’enfant jusqu’à la personne âgée. De façon générale, cette discipline de la santé intervient dans le traitement d’incapacités physiques qui découlent de blessures et de maladies qui peuvent toucher : les muscles, les articulations, les os, le système neurologique, le système respiratoire, le système circulatoire et le système cardiaque. Au Québec, le physiothérapeute et le technologue en physiothérapie sont les deux professionnels de la santé qui œuvrent dans le domaine de la physiothérapie. Les professionnels de la physiothérapie pratiquent en milieu public (centres hospitaliers, centres de réadaptation, CLSC, etc.) ou en milieu privé (cliniques privées). Vous pouvez consulter directement un physiothérapeute en pratique privée, cependant, pour voir un technologue en physiothérapie, vous avez besoin d’une référence d’un médecin ou d’un physiothérapeute qui documente les problèmes dont vous souffrez.
Formation
Pour devenir physiothérapeute, il faut avoir complété une maîtrise en science de la physiothérapie dans une université canadienne. Pour pratiquer au Québec, il faut également devenir membre de l’Ordre et avoir une connaissance de la langue française appropriée à l’exercice de la profession.
Pour devenir technologue en physiothérapie, il faut avoir obtenu un diplôme d’études collégiales (DEC) en techniques de physiothérapie dans un cégep québécois. Pour pratiquer au Québec, il faut également devenir membre de l’Ordre et avoir une connaissance de la langue française appropriée à l’exercice de la profession.
Encadrement
Au Québec, nul ne peut utiliser le titre de physiothérapeute ou de technologue en physiothérapie ni exercer l’une des activités qui leur sont réservées sans être membre de l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec (OPPQ). Pour ce faire, tous les physiothérapeutes et les technologues en physiothérapie doivent détenir des permis et être inscrits au Tableau des membres de l’Ordre. Tous les membres de l’Ordre se doivent de pratiquer dans le respect des différentes lois et divers règlements en vigueur, notamment le Code de déontologie des membres de l’OPPQ, et de respecter les exigences de l’Ordre en matière de formation continue obligatoire.
Approche thérapeutique
Le physiothérapeute analyse la nature et la cause de votre problème. Pour cela, il procède à une évaluation de vos capacités physiques, et il conçoit et met en œuvre un plan de traitement adapté à vos besoins. Les professionnels de la physiothérapie, physiothérapeutes ou technologues en physiothérapie, peuvent avoir recours à différentes façons de vous traiter, par exemple:
- Aux techniques manuelles;
- Aux exercices;
- À l’électrothérapie (ultrasons, laser, etc.);
- À l’hydrothérapie (traitement dans l’eau);
- À la thermothérapie (glace ou chaleur).
Il peut également vous apporter des conseils sur votre posture et votre hygiène de vie de même que vous prescrire des exercices afin d’améliorer votre condition physique.
Ostéopathie
La profession
L’ostéopathie est une approche manuelle qui s’articule autour de cinq grands principes :
- La structure gouverne la fonction;
- Chaque personne a une force d’autoguérison;
- Le corps fonctionne en tant qu’une seule unité;
- La vascularisation est l’élément essentiel de la santé;
- Il faut traiter le patient, non la maladie.
Cette pratique est basée sur des connaissances approfondies des sciences de la santé et des interactions propres à l’équilibre de l’organisme. Grâce à une palpation fine et précise, une évaluation complète et globale permet d’examiner la cause des dysfonctions neuromusculosquelettiques, viscérales et crâniennes.
Formation
À ce jour, au Québec, ce sont des institutions privées qui offrent la formation d’ostéopathie. Le contenu ainsi que la durée de la formation diffèrent donc grandement d’une institution à l’autre. Cependant, depuis l’automne 2024, deux nouveaux microprogrammes de deuxième cycle en ostéopathie sont offerts à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), qui devient ainsi la première université au Québec à créer des formations dans le domaine. S’adressant aux ostéopathes en exercice, les nouveaux programmes visent à uniformiser les connaissances, les compétences et les pratiques ostéopathiques. Pour le moment, ces deux programmes sont offerts sur une base volontaire aux ostéopathes.
Encadrement
À ce jour, au Québec, la profession d’ostéopathie n’est pas légalement encadrée. En effet, la pratique n’est pas encore assujettie aux règlements imposés par l’Office des professions et aucun ordre professionnel ne veille à la protection du public. Cependant, bien que la pratique ne soit présentement pas encadrée par une loi, certaines associations d’ostéopathes québécois œuvrent à faire respecter les standards en matière d’enseignement de l’ostéopathie pour ses membres. Ostéopathie Québec milite pour la création d’un ordre professionnel depuis sa création en 2012. Des avancées significatives en ce sens ont vu le jour dans les dernières années. Cette organisation s’impose actuellement comme la référence pour vous aider à trouver un ostéopathe ayant suivi une formation adéquate. L’organisation rappelle que la vigilance est de mise lorsqu’on désire recevoir des traitements ostéopathiques. Un échange préalable avec l’ostéopathe sélectionné vous permettra de mieux vous renseigner sur sa formation, son expérience, son approche et son appartenance à une association reconnue, ainsi que sur le déroulement d’une séance.
Approche thérapeutique
Il existe une multitude de techniques thérapeutiques, dont la plupart sont douces, lesquelles permettent à l’ostéopathe d’adapter son traitement selon le patient et selon la dysfonction qu’il aura observée. Plusieurs types de techniques sont utilisées, dont la mobilisation, la mise en tension ainsi que des positions de relâchement articulaire et musculaire. Au cours d’une séance, l’ostéopathe utilise quatre axes de travail pour agir le plus efficacement possible sur les déséquilibres du patient :
- Ostéopathie crânienne;
- Ostéopathie articulaire;
- Ostéopathie viscérale;
- Ostéopathie fasciale.
Qui consulter?
Pour ajouter de la complexité à notre réflexion initiale, il faut ajouter qu’en plus de leur formation de base, tous les professionnels peuvent effectuer des formations additionnelles pour se spécialiser davantage dans différents domaines ou ajouter des outils à leur arsenal thérapeutique selon leurs intérêts. C’est la raison qui explique qu’il existe non seulement des différences dans les approches et les types de pratiques entre les différentes professions, mais également entre les différents professionnels d’une même profession. Donc, si nous revenons à notre question d’origine, vous aurez donc compris que pour ces exemples de problématiques d’ordre neuromusculosquelettique, les trois professions peuvent vous aider et même travailler en cogestion. Le plus important est donc d’entretenir une relation de confiance avec le ou les professionnels que vous avez choisis, d’être à l’aise de poser vos questions, mais également de connaître leurs formations et leurs intérêts cliniques spécifiques.